Luca Alfieri – cameraman (Soupçons de mort, Les Fantômes de Sodome, etc.)
Comment avez-vous rencontré Lucio Fulci pour la première fois ?
Je crois que c’était en novembre 1981 mais j’ai travaillé pour la première fois avec lui sur Murderock en tant que pointeur.
Alors que Lucio Fulci avait la réputation d’être parfois colérique, Giuseppe Pinori se souvient d’un tournage calme sur ce film. Partagez-vous cet avis ?
En effet, je ne me souviens d’aucune tension.
Qui a tourné les scènes de danse ? Lucio Fulci ou son fidèle ami Roberto Giandalia, assistant réalisateur mais aussi réalisateur de seconde équipe ?
Roberto et le chorégraphe travaillaient ensemble, ils préparaient les scènes mais c’est toujours Lucio qui tournait.
Murderock est le deuxième film sur lequel travaille sa fille Camilla. Comment était leur relation sur un plateau ?
Sur Murderock, Lucio la protégeait souvent. Les « conflits » sont arrivés des années plus tard…
Lucio Fulci a tourné des scènes supplémentaires pour Hansel e Gretel de Giovanni Simonelli car la durée n’était pas suffisante. Vous souvenez-vous de celles qu’il a dirigées ?
Sur ce film, j’étais cameraman. Je me rappelle en effet avoir tourné de petits ajouts avec Lucio, mais je ne me souviens plus très bien lesquels. Peut-être la scène de la moissonneuse batteuse ?
Combien de temps a duré le tournage des Fantômes de Sodome ?
Quatre semaines.
Où se trouve la maison du film qui est hanté par des nazis ?
Elle se trouvait à Campagnano di Roma, une petite commune dans la province de Rome. Les intérieurs ont tous été tournés au même endroit.
Quelle caméra a été utilisée pour ce film et Soupçons de mort ?
C’était une Arriflex 16SR.
Où se trouvait la maison de Lester Parson (Brett Halsey) ainsi que l’entrepôt désaffecté où Lester va voir Randy (Al Cliver) dans Soupçons de mort ?
Si je ne dis pas de bêtises, c’était à Infernetto, une banlieue de Rome…
Ce film s’ouvre sur un long mouvement de caméra qui s’immisce dans la maison de Lester. La caméra épaule était-elle un choix de Lucio Fulci ou était-ce dû à une contrainte technique ?
Non, c’était clairement la volonté de Lucio de procéder ainsi.
Il y a cette scène incroyable dans l’entrepôt où Lester poursuit une silhouette. J’imagine que cela a nécessité un storyboard, non ?
Pas du tout. En fait, nous improvisions. Nous étions à l’ancienne Videa.
Lucio Fulci attachait une importance toute particulière à sa relation avec son directeur photo. Comment s’est passée sa collaboration avec Silvano Tessicini ? Lucio Fulci le trouvait sympathique mais lent, je crois. Avant d’éclairer Les Fantômes de Sodome et Soupçons de mort, il avait été cameraman sur Murderock et 2072 – les mercenaires du futur…
Je confirme. Il a même fait faire des polaroids pour montrer à la production combien de drapeaux étaient placés devant les projecteurs… A cause de cela, pour préserver mon département, je quittais le plateau.
Sur le drolatique et métaphysique Soupçons de mort, voilà ce que nous écrivions :
« Une comédie noire et domestique, rythmée par une valse guillerette ; une série de clins d’œil cinéphiles à Welles, Pasolini, Franju et Chaplin ; un ironique autoportrait en misogyne crapuleux, schizophrène et désespérément seul ; mais, surtout, une relecture de Poe (William Wilson) et plus encore de Chamisso (L’étrange histoire de Peter Schlemihl ou l’homme qui a vendu son ombre), avec une pointe – titre anglais en hommage à celui, original, de La Soif du mal – de Lewis : Alice, en effet, brise le miroir, et le double ténébreux de ce Landru d’opérette (ou Barbe-bleue de soap) peut enfin réintégrer le corps de son propriétaire infortuné perdant la vie, sa vengeance accomplie sous le soleil sudiste et dans les Enfers d’un sinistre parking sous-terrain (Demy ?)… »